Masques démasqués : épisode 2

Poursuivez la découverte de quelques-unes des pièces présentées dans l’exposition L’Afrique et la Nature, à Cosmopolis jusqu’au 13 février 2022.

En couverture de cette actualité, voici un masque panya ngombo Pendo (République Démocratique du Congo)
Masque représentant un buffle stylisé, dont les traits zoomorphes et anthropomorphes sont intimement liés. Le plus souvent panya ngombe est accroché au linteau de porte de la case du chef de village. Il intervient aussi lors de l’initiation des jeunes pendant la mukanda C’est une marque do prestige d’une personne de haut rang, Symbole de puissance et de protection.
(circa 1960)- L:68 cm – Coll. part.

 

Masque lukisi a kukaya, Luba (RDC)

Les aigrettes de la tête évoquent le hibou. La couleur blanche et les formes rondes symbolisent la lune.
Les sculptures Luba sont remarquables par leur variété et leur style. Quelques masques animaliers sont attribués aux Luba de l’Est. Ils étaient exhibés à l’occasion des fêtes rituelles de différentes sociétés : investitures, funérailles, et rites contre la sorcellerie, hommage aux ancêtres du clan, aux chefs décédés, et à la nouvelle lune.
Des offrandes étaient accordées aux esprits de la nature, intermédiaires entre le groupe et les ancêtres. François Perrier

 

 

Masque mpakasa (buffle), Yaka (République Démocratique du Congo)

Les masques appelés mpakasa sont utilisés pour effrayer  le public. De l’argent est même donné pour calmer le danseur furieux. Comme l’animal qu’il représente, le masque se montre le matin ou à la tombée de la nuit mais jamais le jour.Il est entièrement sculpté dans le bois, matérialisant le buffle de façon réaliste, permettant au danseur de voir à travers la bouche lorsque le masque est posé horizontalement sur la tête. Un Lézard et des graines d’Abrus precatorius, partiellement disparues viennent ajouter une valeur symbolique à l’animal. Lors des initiations, le masque est porté par un maitre-précepteur. Il symbolise la puissance et la fertilité.

 

 

 

Masque heaume echawokaba, Bembe (Sud-Kivu, RDC)

Ce masque incarne le dieu Alunga, un esprit de la brousse et appartient aux attributs de la société masculine alunga qui exerce le contrôle social du clan. Il est conservé dans une grotte sacrée. Echawokaba était utilisé lors de cérémonies rituelles précédant la chasse, ou dédiées au culte des  ancêtres ou esprits de la nature, et lors des rites d’initiation des nouveaux membres de l’organisation.
Les deux visages du masque et leurs quatre yeux aux orbites démesurées sont associés à la chouette, ils indiquent que l’esprit du masque possède une vision globale lui permettant de contrôler et de maintenir l’équilibre des forces opposées de la nature. Il préserve ainsi l’harmonie. A.M. Bouttiaux

 

 

 

Masques têtes de taureau vaca bruto, Bidjogo (Guinée-Bissau)

Le peuple Bidjogo habite l’archipel des Bissagos au large de la Guinée-Bissau. Plusieurs étapes d’initiation y rythment la vie des hommes. Lors du rituel pour l’accès à la classe d’âge adulte, le jeune homme porte ce lourd heaume en bois qui, reposant sur ses épaules, cache sa tête et figure de manière réaliste une tête de taureau : c’est le vaca bruto, le taureau sauvage. Au rythme des tambours le jeune homme se comporte comme un animal sauvage, s’agitant en tous sens à quatre pattes, de manière incontrôlée. Au fur et à mesure de la séance d’initiation il abandonne ce comportement immature et s’apaise, marquant ainsi son entrée dans l’âge d’homme adulte et responsable. Coll. P. et C. Ginioux.

 

 

 Sculpture de tête de bovidé Bozo ou Bambara (Mali)

Les populations Bozo et Bambara du delta intérieur du fleuve Niger entretiennent des traditions partagées en matière de théâtre villageois. La tête de bovidé, élément important de ces représentations, représente la prospérité et l’abondance, valeurs signifiées ici par l’ampleur des cornes. Dans cette région ouverte aux échanges commerciaux, une polychromie à base de peintures industrielles occidentales, de bandes de métal doré découpées dans des bidons et de tissus manufacturés est de mise pour ces sculptures. De ce fait ces objets ont longtemps été regardés avec dédain par les amateurs occidentaux alors que cette pratique d’enrichissement visuel est reconnue très ancienne. Coll. P. et C. Ginioux